Bien qu’elle ait été popularisée par les réseaux sociaux, la théorie des 6 degrés de séparation est plus vieille que l’informatique. Élaborée par le hongrois Frigyes Karinthy qui n’était ni sociologue ni mathématicien mais un homme de lettres qui avait fait des 6 degrés de séparation le thème d’une de ses nouvelles. L’idée présentée, à savoir que deux personnes sur la planète ne sont éloignées au maximum de 6 poignées de main. Dès 1930, il postulait que les progrès dans les domaines de la communication et des voyages favorisaient la création de réseau relationnel de plus en plus étendus géographiquement. Karinthy posait l’hypothèse d’un monde en court de rétrécissement et que malgré les grandes distances physiques entre les individus sur la planète, densité des réseaux humains d’une part et la plus grande interconnexion permettait aux distances sociales de s’abolir.
Ce faisant, il a posé les bases des théories des réseaux dès les années 1930 et surtout généré un intérêt sans précédent pour leur étude.
Les réseaux sociaux ou réseaux d’influence et plus généralement l’étude des réseaux quel que soit le nom qu’on leur donne ont été au cœur de la recherche en sociologie, mais aussi en mathématique et en physique pendant toute la seconde partie du 20ème siècle. La première confirmation officielle de la validité de la théorie de Karinthy fut apportée lorsque le sociologue Stanley Milgram a opérationnalisé une expérience pour vérifier l’hypothèse à la fin des années 60.
Plus tard, l’arrivée du Web 2.0 et l’avènement des réseaux sociaux ont apporté aux sociologues les outils rêvés pour vérifier cette loi empirique « grandeur nature ». Et l’hypothèse a été largement confirmée puisque les études menées sur les grands réseaux sociaux montrent que la réalité est souvent plus proche de 5 degrés de séparation que de 6. Résultat logique car des réseaux comme Facebook n’étant pas totalement exempts de structure sociale passer d’un « groupe » à l’autre peut aller parfois très vite.